fier [1]
- 1Commettre à la foi de quelqu'un. Je lui fierais tout ce que j'ai au monde.
Ciel ! à qui voulez-vous désormais que je fie Les secrets de mon âme et le soin de ma vie ?
[Corneille, Cinna, ou La clémence d'Auguste]Je vous fie son salut en toute assurance
. [Scarron, Le Roman comique]Fig.
Cher prince, dont je n'ose en mes plus doux souhaits Fier encor le nom aux murs de ce palais
. [Corneille, Rodogune, princesse des Parthes] - 2Se fier, vpron Mettre sa confiance.
Souvent qui trop se fie aussi trop se hasarde
. [Rotrou, Antigone]Se fier à quelqu'un ou à quelque chose, s'assurer sur quelqu'un ou sur quelque chose.
Le plus sûr est, ma foi, de se fier à nous
. [Molière, L'école des maris]Il me semble qu'on peut se fier à vos paroles
. [Sévigné, 42]Je jurai de ne me plus fier aux physionomies
. [Sévigné, 233]Osée, roi d'Israël, s'était fié au secours de Sabacon
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Quoi ! Narcisse, tandis qu'il n'est point de Romaine.... Qui, dès qu'à ses regards elle ose se fier, Sur le coeur de César ne les vienne essayer
. [Racine, Britannicus]Vous fiez-vous encore à de si faibles armes ?
[Racine, Iphigénie en Aulide]Ne pas se fier à ses oreilles, ne pas croire ce qu'on entend.
À peine je me fie encore à mes oreilles
. [Corneille, Polyeucte]Ne pas se fier à ses yeux, ne pas croire ce qu'on voit.
Se fier à quelqu'un de quelque chose, avoir confiance en quelqu'un pour cette chose.
Il y a d'autres esprits d'une plus haute élévation, à qui il [le prince] peut se fier de plus importants emplois et donner une plus noble part en ses desseins
. [Guez de Balzac, Ariste, ou De la cour]Personne À qui de mon secret je m'osasse fier
. [Régnier, Élégies]Harpalus à qui le roi s'était fié de la garde des trésors
. [Vaugelas, Q. C. 554]Seigneur, voulez-vous bien vous en fier à moi ?
[Corneille, Nicomède]S'ils voulaient se fier à la compagnie [au sénat de Rome] de la réparation
. [Bossuet, Discours sur l'histoire universelle]Fiez-vous aux Romains du soin de son supplice
. [Racine, Mithridate]Ce n'eût pas été au comte de Melford qu'on se fût fié d'un dessein de cette importance
. [Saint-simon, Mémoires complets et authentiques du duc de Saint-Simon]Se fier en, mettre sa confiance.
Ma volonté ne se fie pas en ma mémoire des choses de cette importance-là, et elle me représente à toute heure que j'ai cela à faire, jusqu'à ce qu'il soit fait
. [Voiture, Lettres]Qu'ils [les lecteurs] repassent si longtemps et si souvent cette considération [l'incertitude des sens] en leur esprit, qu'enfin ils acquièrent l'habitude de ne plus se fier si fort en leurs sens
. [Descartes, Rép. aux secondes object. 67]Je vous manderai toujours sincèrement comme je suis ; fiez-vous en moi
. [Sévigné, 10 juil. 1675]Se fier sur, compter sur.
Il se fiait assez sur la modération de ce prince et sur sa propre grandeur pour ne rien craindre de sa part
. [Perrot D'ablancourt, Tacite, 174]Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera
. [Racine, Les plaideurs]Et lorsque avec frayeur je parais à vos yeux, Que sur mon innocence à peine je me fie
. [Racine, Britannicus]Sur l'avenir insensé qui se fie
. [Racine, Athalie]Je sais vous estimer autant que je vous aime, Et sur votre vertu me fier à vous-même
. [Voltaire, Zaïre]Se fier de quelqu'un, compter sur lui (tournure qui a vieilli).
Aspathine et Gobrias, les premiers des Perses et de qui plus il se fiait [Otanès]
. [Courier, Lettres de France et d'Italie]On ne dit plus aujourd'hui celui dont ou duquel je me fie, ni la personne de laquelle je me fie, il faut dire : celui en qui ou à qui je me fie
. Acad. Observ. sur Vaugelas, p. 556, dans POUGENS]Fiez-vous-y, se dit par antiphrase pour avertir quelqu'un de ne pas se fier à une personne ou à une chose.
Oui, fiez-vous-y, à cette physionomie si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après, pour faire place à un visage sombre
. [Marivaux, Le jeu de l'amour et du hasard]Fig. Nage toujours et ne t'y fie pas, se dit pour faire entendre qu'il faut s'aider soi-même, sans trop compter sur autrui.
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